Immobilisme et fuite en avant sont deux caractéristiques que j’observe chez les entrepreneurs du sensible qui passent le cap de se faire accompagner.
Pour les premiers, ils voient d’eux-mêmes, parfois depuis de nombreuses années, un immobilisme chronique ponctué de tentatives d’actions. Malgré leur envie de passer à se réaliser professionnellement ça coince.
Pour les seconds, le problème est l’hyperactivité : multitudes de projets, de collaborations, de propositions hétéroclites, de formations pour savoir toujours plus et mieux. Mais les résultats ne sont pas à la hauteur de l’énergie déployée.
Dans les deux cas il en résulte de la frustration, de l’insatisfaction, un sentiment d’échec, du découragement, de la dévalorisation, un sentiment d’illégitimité, d’imposture, de l’envie/jalousie pour celles/ceux qui « réussissent ».
L’IMMOBILISME, VOIE SANS ISSUE DE LA REUSSITE
Trois grandes raisons peuvent expliquer l’immobilisme :
– Des idées/projets/visions trop grandes dont l’envergure paralyse
– Un trop plein d’idée qui fige
– Pas d’idée, pas/plus de motivation
Des idées/projets/visions trop grands dont l’envergure paralyse
La tâche semble trop grande, la montagne à gravir trop haute. Vous êtes fatigué avant même d’avoir commencé. Ou votre système corps-esprit se paralyse devant l’ampleur de la tâche.
Vous n’arrivez pas à découper le grand projet en sous projets, en étapes réalistes et réalisables. Vous voulez que le 1er jet du projet soit parfait et réponde à toutes les exigences de qualité. Mais ça n’est jamais le cas. Alors dans le doute de ne pas faire quelque chose parfaitement, vous vous abstenez. Mais du coup vous ne faites rien.
Vous avez besoin d’être rassuré sur vos capacités à mener ce projet à bien, de nourrir la sécurité intérieure, de la confiance et l’estime de vous-même même dans les non-réussites. L’échec, les « brouillons » sont difficiles à accepter, vous vous dévalorisez trop. Et pourtant, quand on démarre un projet on fait brouillon sur brouillon, on fait flop sur flop, intercalés de petites réussites. Mais toutes ces étapes, flops, brouillons, lancements ratés, ateliers ou cabinets qui vivotent sont indispensables : c’est grâce à cela que vous allez petit à petit, pas à pas, façonner votre identité d’entrepreneur-e, vous aguerrir, peaufiner vos offres de service, donner corps à votre projet qui pourra, une fois les premiers essais passés, prendre de l’envergure. L’envergure rêvée, intuitée, pressentie.
Un trop plein d’idée qui fige
Vous vous éparpillez et vous vous perdez dans toutes vos idées, dans tous vos projets, dans toutes vos passions. Vous vous emberlificotez dans toutes les cordes que vous avez à votre arc. La multitude de chemins qui s’offre à vous et la difficulté de choisir (et donc de renoncer temporairement) vous empêche de passer à l’action.
Vous lancez quelque chose, mais très vite vous êtes happé-e par autre chose et laissez tomber le projet impulsé. Or, pour que ça marche, il faut de la persévérance (cf article “Une douce persévérance”) et de la régularité.
Vous voir ainsi : fourmillant d’idées mais ne menant jamais quelque chose à son terme vous décourage, vous dévalorise, vous fait perdre confiance et vous immobilise.
Vous avez besoin de faire du tri, de passer au tamis toutes vos idées, envies, élans.
Vous avez besoin de classer ces idées pour les hiérarchiser.
Vous avez besoin de structurer vos actions, de vous organiser et d’établir des « procédures » d’actions claires pour avancer dans la manière et qui corresponde à votre manière de fonctionner.
De trouver votre discipline qui va vous permettre de vous réaliser pleinement sans vous brider.
Pas d’idée, pas/plus de motivation
Vous avez un peu l’impression d’avoir perdu le contact avec votre « feu intérieur », rien ne vous fait vraiment envie. Vous avez juste envie de rien, et de ne faire « rien ». Et vous avez peur que ça dure éternellement. Vous pouvez vous enthousiasmer pour une idée, faire des actions pour la concrétiser, mais très vite cette émulation s’étiole et vous ne tenez pas sur la longueur. Vous avez perdu le contact avec le sens profond qui pourrait vous mettre en action. Vous pouvez vite être fatigué physiquement, émotionnellement ou mentalement.
Vous avez besoin de retrouver votre élan, de renouer avec votre vitalité. Vous avez besoin d’entendre ce que cet état de fatigue a à vous dire. Vous avez besoin de prendre soin de vous, d’être accompagné pour cela car vous avez l’impression de prendre soin de vous mais ça ne change pas vraiment les choses. Vous avez besoin d’avoir des espaces guidés pour vous écouter vraiment, sincèrement, profondément, authentiquement. Re-trouver le chemin de la motivation, du courage (qui vient du cœur). Retrouver du sens, pas un sens dicté par la tête qui ne tient pas sur la longueur mais un Sens, une Raison d’Etre qui vient du cœur et des cellules qui sera alors capable, naturellement, sans effort, de vous motiver, de vous r-allumer, de vous vivifier et ainsi de retrouver votre vivacité. Un Sens qui va vous guider et vous inspirer le quoi, le pourquoi, le comment, le avec qui, … Un Sens qui va re-permettre à la vie de vous représenter des opportunités.
LA FUITE EN AVANT, BURN OUT ASSURE
Il est simple de tomber dans l’excès inverse : l’hyperactivité. On peut d’ailleurs avoir été dans le l’immobilisme une période et avoir glissé progressivement dans le surinvestissement.
Pour celles et ceux enclin-e-s à l’hyperactivité, le problème n’est pas le manque de mise en action.
Mettre en place des actions pour concrétiser vos idées ça n’est pas vraiment un problème pour vous, vous avez tendance à vous agiter beaucoup (parfois même à brasser !), à mener tout un tas de projets de front, à faire 1001 collaborations, à travailler dans plusieurs lieux différents, à tester sans cesse de nouvelles idées.
Votre travail vous passionne, à tel point que peu de d’autres choses comptent. Toute votre énergie, votre attention, vos pensées, votre créativité, votre temps est consacré à votre travail. Ça frôle l’obsession. Vous êtes engagé à fond. C’est même l’escalade de l’engagement (qui est un biais cognitif), « plus j’en fais, plus j’ai envie d’en faire car ça n’est jamais assez ».
Toutes ces actions sont une sorte de fuite en avant qui ont pour but de vous maintenir (ultra) occupé, de ne pas vous arrêter, ne pas sentir ce qui se passe au-dedans … Cette manière de fonctionner est aussi probablement liée à votre tempérament. Vous êtes câblés comme cela, comme d’autres sont câblés « contemplation », c’est ainsi.
Dans votre cas (comme dans le mien d’ailleurs !) la question est de mieux réguler les mises en action pour ne pas s’épuiser et se brûler les ailes (lien article brun out) .
Vous avez besoin d’apprendre à faire des pauses. Votre système corps-esprit a besoin de comprendre et d’intégrer qu’il ne va pas « mourir » s’il cesse de s’agiter un temps ou s’il ralentit. Apprendre à faire des pauses, de vraies pauses ! A faire des choses pour rien. Des choses tout à fait improductives ! Vous avez besoin de réguler votre système nerveux trop souvent activé. Tellement régulièrement activé que c’est devenu comme une drogue, physiologiquement c’est d’ailleurs ce qui se passe, vos cellules sont nourries à l’adrénaline notamment, et ne peuvent plus s’en passer. Mais on peut inverser le schéma.
Vous avez besoin de trouver la manière qui est bonne et juste pour vous de découper vos semaines, trimestres, années pour répondre à vos besoins d’actions, tout en vous accordant de vrai temps de repos. Par exemple pour ma part j’aime encore assez l’intensité et je fonctionne plutôt bien avec ; c’est stimulant, existant, satisfaisant, je suis efficace, créative et productive et c’est super motivant et gratifiant. Je préfère donc des grandes plages de travail (semaines/mois) alternées à des grandes plages de temps off pour vraiment décrocher. D’autres préfèrerons des alternances plus courtes.
POUR FINIR
Quelqu’un qui réussit c’est quelqu’un qui passe à l’action. Une action structurée, réfléchie, cohérente, modérée, ancrée, enracinée dans ses élans profonds du cœur, et pas dans les « il faut, je dois » (lien article du il faut au flow) de la tête.
Quelqu’un qui passe à l’action c’est quelqu’un qui est suffisamment en lien avec ses ressources et sa sécurité intérieure pour ne pas être paralysé par ses peurs.
Quelqu’un qui agit c’est quelqu’un qui a un projet. Un projet qui découle d’une vision claire, qui n’est pas trop éparpillé. Une vision assumée, suffisamment débarrassée des « je n’ai pas le droit, je ne suis pas légitime… » Une vision qui ne s’empêtre pas dans les comment et dans les « je ne vais jamais y arriver, je n’ai pas les moyens, je ne suis pas assez comme ceci ou comme cela… ».
Et vous, quelles sont vos tendances ? Immobilisme ou hyperactivisme ? De quoi manquez-vous ? Qu’avez-vous en trop ? De quoi avez-vous besoin ?
Autre article sur le sujet :
“Du paradigme de la peur à celui de l’amour”
“Réussir ses lancements professionnels”
Comment dépasser la tendance limitante de notre cerveau à se souvenir essentiellement des échecs
Prochaine formation-accompagnement pour les entrepreneurs du sensible en 1-1 “Au-delà des frontière, infos ICI