Ou comment remédier aux conséquences d’une enfance (ou d’un chapitre de sa vie) stressante ou insécurisante . Explications neuroscientifiques et potentiel de changement grâce aux processus artistiques.
Si au cours de notre existence, et particulièrement durant l’enfance, notre environnement a été favorable et sécurisant, si les parents ont su prend soin, rassurer, consoler, accueillir les émotions, avoir des gestes tendres notre cerveau a pu se former et créer les bonnes connexions entre les différents centres responsable des émotions, de leur régulation, de la compréhension et de la verbalisation de celles-ci.
Dans le cas contraire ou si nous avons vécu des épisodes particulièrement difficiles dans notre vie d’adulte les connexions entre ces différentes régions sont moindres.
Deux zones de transmission d’informations importantes qui peuvent s’optimiser
1 – Transmission entre amygdale, hippocampe et insula
- L’amygdale : elle est le lieu où s’impriment nos premières impressions émotionnelles. Elle stocke les souvenirs durablement et de manière inconscients Elle est entre-autre le centre de la peur. C’est elle qui va déclencher des réactions ingérables au tout-petit. Mais progressivement des connexions neuronales vont s’établir avec l’insula, le cortex préfrontal et l’hémisphère gauche. Celles-ci vont permettent la régulation de l’activation de l’amygdale (et donc la régulation des émotions).
- L’hippocampe reçoit et stocke les informations sensorielles lié à l’événement qui a provoqué l’avalanche d’émotions. Il s’agit ici davantage d’une mémoire consciente. L’hippocampe est aussi le lieu de la neurognénèse (fabrication de nouveaux neurones). Quand un individu est stressé ou baigne dans une atmosphère de peur, le nombre de neurones de son hippocampe peut diminuer et impacter ses capacités à apprendre et à changer. Une attitude soutenante, un environnement sécurisant augmente le volume de l’hippocampe.
- L’insula fait le lien entre l’amygdale (région des émotions) et le cortex préfrontal (lieu de régulation émotionnelle). Elle s’active en réponse à nos émotions ou à celles des autres, à la conscience de soi, aux sensations corporelles. Elle relaye les informations sensorielles entre cortex et l’amygdale (et aussi l’hippocampe qui est étroitement connecté à l’amygdale).
2 – Transmission entre les 2 hémisphères
L’hémisphère cérébral droit est dédié aux signaux émotionnels et affectifs. Le gauche est en charge du langage et la compréhension. Le corps calleux sert à transmettre l’information entre les 2 hémisphères. Chez l’enfant celui-ci est immature, les données ne circulent que de manière très pauvre. Ce sont les parents qui, en aidant l’enfant à comprendre ses émotions, en les mettant en mots vont favoriser le développement du réseau de communication entre les 2 hémisphères et le corps calleux.
La peur, le stress, les punitions corporelles, les humiliations verbales ont des conséquences désastreuses sur le cerveau surtout chez l’enfant. Faute de savoir “faire avec” leurs émotions, les enfants puis les adultes deviennent des malhabiles voir des impuissants face à leurs émotions.
En pratique : comment construire une nouvelle carte neuronale et faire de son système émotionnel un allié
Les explorations que je proposent sont basées sur des allers/retours entre le mouvement, le dessin, l’écriture, l’échange avec des partenaires. Celles-ci invitent à faire des vas et viens entre :
– la posture dite “égocentrée” qui consiste à être complètement dans le vécu de son expérience, c’est davantage l’hémisphère droit qui est engagé.
– et la posture dite “allocentrée” qui elle, nous fait faire un pas de côté, nous permet de prendre de la hauteur. Ici l’hémisphère gauche et le cortex préfrontal entre dans la danse.
Quand je guide les stagiaires dans des processus créatifs intuitifs et authentiques j’imagine que dans leurs cerveaux se créés de nouveaux circuits à différents endroits notamment :
– entre les 2 hémisphères : celui de l’émotionnel et celui du langage et de la compréhension.
– entre l’insula et l’amygdale pour tendre vers une régulation de plus en plus grande de celle-ci.
Les bienfaits des allers/retours entre explorations de son monde sensible et expression de son vécu
– les expériences sensibles, reliées intimement aux émotions, au vécu sensoriel et organique active plus spécifiquement l’hémisphère droit, l’amygdale et l’hippocampe.
– l’expression de ses perceptions et de son vécu par le dessin, des mots écrits ou parlés ou un retour avec un témoin active l’insula, le cortex préfrontal et l’hémisphère gauche.
C’est précisément les allers/retours entre cette diversités d’expériences qui permettent aux différentes parties de notre cerveaux de mieux communiquer. Votre cerveau affectif et cognitif se développe de façon optimale. Les nouvelles connexions cérébrales donneront progressivement une plus grande faculté de répondre aux vagues émotionnelles, au stress du quotidien et aux bouleversements de la vie.
Mais ceci n’est possible qu’à condition de réunir les fertilisants indispensables pour une bonne croissance neuronale. Ceux-ci sont :
– une grande bienveillance dans le groupe,
– un atmosphère de sécurité permettant à chacun d’exprimer qui il est authentiquement, sans chichi, sans paraître, sans quoi que ce soit de fabriqué,
– une ambiance de travail apaisé et apaisante facilitant l’ouverture à son être profond et toute sa richesse,
– une attention soutenant les uns envers les autres.
Pour conclure :
N’oubliez jamais que votre hippocampe fabrique plusieurs dizaines de nouveaux neurones tous les jours. L’enfant en vous malmené dans le passé ou l’adulte abîmé peut donc se reconstruire une carte neuronale à tout moment. Il faut juste un petit peu de travail. Et comme tout s’intègre mieux quand c’est fait dans le plaisir, avec le corps et en couleur, appuyons-nous sur le mouvement et les processus artistiques pour cela !
Enfin, il est bon de se rappeler de laisser l’âme agir et la magie opérer, que notre être est bien plus grand, complexe et mystérieux que tout cela, et que la vie en nous prend des chemins parfois tout à fait inexplicables…
2 Responses
quel beau programme.lâcher prise
Merci Béatrice, ça fait du bien de lire ces explications et ces encouragements.