Femmes et hommes ne partent pas à égalité face à l’argent.
Les femmes reviennent de loin en termes d’émancipation financière.
Elles sont les héritières de la Grande Histoire, de l’Histoire des femmes qui les ont précédés ont eu avec l’argent : celles qui n’avaient pas droit à un compte en banque, celles dont le mari pouvait confisquer le salaire.
Les inégalités économiques entre les femmes et les hommes persistent, même si nos droits sont les mêmes. Il y a toujours un décalage entre la loi et la réalité de la vie.
Avant 1789, 40% des marchands étaient des femmes
Avant la révolution de 1789, les femmes étaient souvent marchandes publiques (vente de ce qu’elles fabriquaient ou cultivaient) et ceci sans avoir besoin de l’autorisation de leur mari. Logique. Normal. C’était le fruit de leur travail, de leur intelligence, de leur créativité.
Leurs domaines d’activité allaient du textile à l’alimentaire en passant par le bois, le charbon la librairie… 40% des marchands étaient des femmes en 1760.
A l’époque, les femmes pouvaient faire fortune dans le commerce mais c’était quand même très majoritairement des hommes qui accédaient à un certain niveau de réussite financière. C’est un peu l’équation « plus d’argent = moins de femmes ». Toujours valable aujourd’hui d’ailleurs.
1804, arrivée de Bonaparte, la dégringolade pour l’indépendance financière des femmes
En 1804, Bonaparte débarque. Il promulgue le « Code Civil » qui enlève tout pouvoir aux femmes mariées. Le mari devient le grand chef de famille : il fait ce qu’il veut, quand il veut sans l’avis de sa femme. Il a tous les pouvoirs pour ce qui est des décisions financières du foyer (entretien du foyer et éducation des enfants).
Trois ans plus tard, Napoléon enfonce le clou avec le « Code du Commerce » : une femme doit avoir l’autorisation de son mari pour être marchande.
Dans l’ancien droit, ce consentement n’était pas nécessaire.
Deux sphères prévalent désormais : la maison pour les femmes, l’extérieur pour les hommes
Les choses vont encore empirer pour les femmes et leur liberté d’agir, de parler : des lieux de pouvoir non mixtes sont créés. Elles ne pourront plus intervenir dans des transactions commerciales, la Bourses financière leur est interdite. Ça peut paraitre anecdotique vu de notre fenêtre mais c’est un vrai basculement dans la répartition des pouvoirs, des réflexions, des prises de décisions.
Des couches de bureaucratie s’installent : il faut désormais passer par la « Bourses aux céréales » pour vendre son blé (plus de transaction directe entre deux personnes), les prêts entre individus ou petites structurent doivent passer par une Banque où les femmes ne sont pas les bienvenues (avant les femmes pouvaient prêter, emprunter, vendre directement…
Deux sphères prévalent alors : la maison pour les femmes, l’extérieur pour les hommes.
C’est la dégringolade pour l’autonomie et la souveraineté des femmes.
1907, elles peuvent recevoir leur salaire sur un compte à leur nom, sous conditions
Ça n’est qu’en 1907 que les femmes pourront enfin percevoir leur salaire sur un compte à leur nom et disposer de leur argent comme elles le veulent. Il faudra 11 ans entre la proposition de cette loi et son adoption définitive et effective !
Bon, ceci est une liberté financière sous conditions : Madame ne doit pas exercer le même métier que Monsieur. Et si elle “abuse” de son pouvoir (entendez de son argent), Monsieur pourra obtenir le retrait de ce droit devant un tribunal (alors que Monsieur peut aller se saouler au bar du coin et ruiner la famille sans problème).
Sous le régime de Vichy les femmes vont à nouveaux perdre en autonomie financière : Pétain les renvois à leur chaumières et limite drastiquement l’embauche des femmes.
Régime matrimoniale de Napoléon qui va perdurer jusqu’en…1965 !
Oui c’est hier !!
1965, autorisation pour Mesdames d’ouvrir un compte en leur nom et de travailler sans le consentement de leur mari
Le 13 juillet 1965, le Parlement va voter une loi autorisant les femmes à ouvrir un compte bancaire en leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari. Jusque-là les femmes mariées (1/3 travaillant) devaient présenter une « autorisation maritale » pour ouvrir un compte ou signer un contrat de travail. Et pour bien d’autres sujets qui les concernent à 100%, elles devaient présenter cette autorisation (dans un tout autre domaine si une femme voulait se faire ligaturer les trompes, le médecin exigeait une autorisation écrite de son mari, il n’y a pas si longtemps … oui oui !! C’est une voisine, la bonne soixantaine, qui l’a vécu !).
Ce n’est qu’en 1967 qu’elles seront autorisées à rentrer à la Bourse de Paris et à spéculer (une célèbre spéculatrice a dû faire son métier pendant des années sur les marches de la Bourse de Paris, en donnant des ordres de vente à un collègue masculin dans le bâtiment !).
En décembre 1985 la loi « accorde aux époux la gestion commune de la communauté en régime légal et supprime toute référence au mari ou à la femme pour bien marquer l’égalité entre les époux. »
2021, une loi pour protéger l’indépendance économique des femmes
La loi Rixain du 24 décembre 2021 complète cette dernière et instaure « l’obligation de verser le salaire ou les prestations sociales sur un compte dont le bénéficiaire est détenteur ou codétenteur. Le but est de garantir l’indépendance économique des femmes ».
Au cours de l’histoire les choses ont bien changé mais des inégalités persistent :
- Plus il y a d’argent en jeu moins il y a de femmes décisionnaires,
- Moins il y a d’argent, plus souvent ce sont les femmes qui le gèrent,
- On pourrait dire que les femmes gèrent le manque d’argent et les hommes gèrent l’abondance,
- On donne moins d’argent de poche aux petites filles qu’aux garçons (et en plus elles s’en contentent tandis que les garçons vont ronchonner s’ils estiment ne pas avoir assez !),
- Évidement c’est sans parler des inégalités de salaire à postes, âges, expériences, diplômes équivalents,
- Qu’elles soient à leur compte ou salariées, leurs revenus sont plus faibles.
- Quand un enfant arrive dans le foyer les femmes vont avoir tendance à voir leurs revenus baisser de façon importe les premières années de vie de l’enfant tandis que ceux des hommes va augmenter un peu (le cours normal d’une vie professionnelle avec augmentations, opportunités, changements de poste …). Le plus souvent c’est la femme qui prendra un temps partiel ou qui va privilégier un emploi plus proche de chez elle et avec des horaires plus adaptés à une vie de famille, ce qui réduit ses opportunités professionnelles,
- Statistiquement, les familles soutiennent plus longtemps les garçons que les filles même après qu’ils aient quittent le nid,
- Dans un ¾ des couples composés d’un homme et d’une femme, le revenu de l’homme est supérieur de 34% à celui de la femme (Source Insee, mars 2022),
- …
Bon, évidement, ce ne sont des statistiques et des généralités me direz-vous. Il y a toujours des exceptions. Mais tout de même c’est bon pour nous, les femmes, d’amener un peu de lumière sur tout cela.
Prochaine formation-action sur la relation à l’argent
(pas réservé aux femmes même si j’ai quasiment toujours que des femmes !)
A partir du 14 février, 4 mois pour explorer sa relation à l’argent avec l’écoute sensible du corps et la créativité, un programme dense et complet pour remettre les compteurs à zéro !
https://www.beatricemaine.com/ateliers/harmoniser-sa-relation-a-largent/
Article inspiré par la lecture de “Le Couple et l’argent” de Titiou Lecoq