La mémoire de son futur

A priori mémoire et futur sont plutôt antinomique. Comment parler de mémoire au sujet de quelque chose qui n’est pas encore arrivé ? La mémoire fait logiquement référence à quelque chose du passé, n’est-ce pas ? Alors mémoire du futur = antilogique ? Et bien pas tant que cela.
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A priori mémoire et futur sont plutôt antinomique. Comment parler de mémoire au sujet de quelque chose qui n’est pas encore arrivé ? La mémoire fait logiquement référence à quelque chose du passé, n’est-ce pas ? Alors mémoire du futur = antilogique ?
Et bien pas tant que cela.

 

Petite j’ai sillonné les routes de France en camping-car avec mes parents.
Certainement que ces virées étaient déjà de la mémoire du futur pour mon futur.
En 2005, les rêves agrippés aux étoiles, et plongés dans ces mémoires je pars pour un tour du monde à vélo.
Chaque étape de notre existence modèle notre présent et bâtit les fondations de notre futur.
Chaque rencontre, inspiration, opportunité, rêverie dans le présent sont autant d’occasion de faire émerger notre futur du fond de nos entrailles et de notre âme.

 

La mémoire du futur : quésako ?

 

Elle est la capacité à se projeter, à rêver, à anticiper, à devancer, à pressentir.
C’est aussi tout ce que l’on emmagasine. Expériences, compétences, savoir, savoir-faire et savoir-devenir. Mais aussi visions, aspirations, imaginations qui s’exprimeront pleinement… dans un futur proche ou lointain.

Effectivement, le cerveau voit, perçoit, extrapole, imagine et tire des plans sur la comète avec ce qu’il a en magasin.
C’est pourquoi, si vous n’apportez jamais rien de nouveau dans les coulisses de vos neurones, pas de nouveautés possibles.
Si vous ne créez pas de nouvelles mémoires, c’est toujours les mêmes plans qui arrivent. On tourne en rond comme un poisson rouge dans son bocal.
La dite « nouvelle mémoire », est la mémoire du futur. Indispensable pour un modeler un futur différent du passé.

 

Modification anatomique

 

Savez-vous que tous les jours vous fabriquez de nouveaux neurones ? Mais la plupart d’entre eux vont disparaître faute d’être utilisés pour la transmission d’une nouvelle information ou l’engrammage d’une expérience vécue.

En effet, vivre et répéter de nouvelles expériences (si vous ne répétez pas un peu ça ne s’inscrit pas) c’est fabriquer de nouvelles routes neuronales. Votre cerveau change physiquement. C’est la plasticité neuronale. C’est pourquoi la simple pensée a le pouvoir de modifier votre cerveau et tous les programmes qui y sont emmagasinés.

Progressivement, et le plus souvent à notre insu, ces nouvelles routes neuronales vont se relier aux anciennes pour créer quelque chose de neuf.

 

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Les Landes, France, 500ème kilomètres, novembre 2006

Mémoire de son futur : invisible tissage au dedans et au dehors de soi

 

En 2012 je tombe dans la marmite du Life/ Art Process. En 2014 dans celle des neurosciences. A cette époque je suis encore bien loin d’imaginer tout ce que je vais pouvoir créer avec cela. Sans le savoir, je fabrique de la mémoire de futur. Celle-ci, dont les fondations sont créées dans mon passé vont s’exprimer pleinement plusieurs années après. Aujourd’hui ma mémoire du futur du passé est active dans mon présent. Et mon présent est déjà en train de fabriquer de la mémoire du futur pour un futur encore différent.

 

Le travail se fait en souterrain.
A pas de mouche pendant un certain.
Puis un jour les petits pas deviennent des pas de géant !
Tout est là. Il n’y a plus rien à faire
Il y a juste à être et permettre

 

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Enfant rencontré sur la route, Népal, 11 000ème kilomètres, décembre 2006.

Rêver à la lune pour au moins arriver sur une étoile…

 

En 2005 je ne suis ni voyageuse ni cycliste et encore moins sportive. Pourtant, poussée par une idée saugrenue je pars faire un tour du monde à vélo avec mon frère.

Cependant, vu mon profil, inexpérimentée, timide, jamais voyagé, ne parlant pas anglais, sachant à peine coller une rustine, démonter une roue de vélo ou changer une chaîne de bicyclette, le projet est gonflé, irréaliste, insensé même.
Je suis naïve, innocente, inconscience et j’y crois.

Je rêvais de sillonner le monde à vélo, d’arriver à l’autre bout du continent d’Eurasie à la force de mes mollets ramollos. Je convoite des balades dans les rues de Pékin, Hong Kong, Delhi, Oulan Bator, Vancouver ou Lhassa sur mon 2 roues.

 

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Enfants d’un campement sur les hauts plateaux isolés du Kirghizistan, 15 500ème kilomètres, août 2007.

 

Mais les débuts sont difficiles, éprouvant même. Le manque d’entrainement est incontestable. Ma condition physique laisse à désirer. La réalité de la vie de nomade au fil des semaines, des mois et des saisons est rude. Bref la rencontre avec la réalité prend la tournure d’une collision ! C’est pour le moins confrontant !
En effet, la charge sur le vélo, l’éloignement, l’isolement social, les mauvaises nuits, les courbatures, le changement d’habitude alimentaire, le vent, le froid, la pluie sont challenging. L’imprévu, l’inattendue et l’incertitude pour tout : boire, manger, dormir, trouver un endroit sûr pour la nuit, se mettre au sec quand il pleut des cordes, trouver un lieu au chaud quand il neige, les réveils matinaux sous la tente avec des température négatives, etc. sont souvent pénibles.

 

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Ousbékistan, réparation d’une crevaison en bonne compagnie, juillet 2007

Pour la beauté, pour le mystère

 

Bref, le démarrage est rude mais …. Je continue. “Pourquoi ???” me demanderez-vous.
Pour le goût de liberté indescriptible, la vitalité que je ressens, la joie ou l’euphorie même d’être en chemin.
L’allégresse d’embrasser à corps perdu les paysages, le monde, le vent, les arbres, l’air, les chants des oiseaux, les couchers de soleil, la lumière du crépuscule, la lune, les matins givrés, l’eau des rivières, les odeurs de l’humus, le silence, le crissement des feuilles d’arbres, le chahut d’une tempête, le grondement du mistral, le bruissement des gouttes d’eau, l’odeur de la pluie, les nuages bas et l’air moite, les éclats du soleil, la déflagration du tonnerre, l’air pur, le silence d’une rivière tarie, l’humidité d’une forêt, l’aridité et l’hostilité d’un désert à perte de vue… Pour la découverte, l’aventure, l’insondable et insoupçonnable cadeau d’être sur les routes du monde et de moi-même.

 

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Tibet de l’ouest, route solitaire dans l’Himalaya, 16 407ème km, novembre 2007

Choisir et choisir ses choix

 

Toute fois, avec mon frère nous sommes rapidement confrontés à nos divergences. Capacités physiques, endurance, temps de récupération, besoin alimentaire, digestion des émotions, besoin de repos, envie de flânerie, de grâce matinée et de temps d oisiveté …. Beaucoup de choses ont du mal à s’aligner.

Et puis, arrivée en Iran, après 9 mois de voyage, l’évidence est là : chacun doit poursuit sa route seul-e.
Avant que les peurs ne m’assaillent j’achète un billet d’avion Téhéran- Bombay (impossible d’obtenir un visa Pakistanais donc saut de puce dans les airs)
A l’aéroport dans la file d’enregistrement un gars passe devant tout le monde et se plante devant de dos.
Sur son t-shirt est écrit “You choose your destinity”
La bonne blague !

Une heure plus tard au moment de monter dans l’avion, il redouble tout le monde pour se coller, encore une fois, devant moi avec son fameux t-shirt sur lequel est toujours écrit rouge sur noir “You choose your destinity »

 

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Népal, aux contreforts de l’Himalaya

You choose your destinity de votre croissance professionnelle et personnelle

 

Chaque jour pendant les 2 années 1/2 restantes j’allais choisir ma destinée au sens propre comme au sens figuré.
Chaque jour j’allais fabriquer de la mémoire du futur.
Futur dont je n’avais, à l’époque, aucune idée de la trajectoire.
Pourtant, en moi, était déjà en train de se dessiner le chemin vers la Californie pour la formation Tamalpa. Et celui d’un petit appartement des quartiers riches de Paris pour celle des neurosciences.

 

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Camping sauvage dans le désert de Gobi de Mongolie, 22 400ème km, mai 2008.

 

 

J’étais bien loin d’imaginer à cette époque que je ferai ce que je fais aujourd’hui
Si on m’avait montré quelques images de mon futur j’aurai dit : ” pfffff, naaaaaannnn, pas possible, pas moi ou alors dans une autre vie et dans une autre dimension”

Quelques années ont passé j’ai changé de vié et de dimension !!

Le futur se créé dans le présent. Pour chacun de nous. Et vous, bâtissez-vous pour votre futur ?

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Canada, fin du voyage après 3 ans sur les routes. Le lendemain je prends un avion pour la France. Je m’arrête à une table pour déjeuner et reçois ce message …. Québec, 27 000ème km, septembre 2008.

Autres articles : Dialoguer avec son futur, regard quantique

Bâtir sa mémoire du futur, repères neuroscientifiques

 

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