Quelques explications pour comprendre cet état de fait
1 – Homéostasie = faire comme d’habitude
Le mot homéostasie vient du grec “demeurer constant”. L’homéostasie est un système très complexe permettant de détecter et d’évaluer la moindre “perturbation”, que ce soit quelqu’un qui vous agresse ou une expérience qui vous fait vivre une ouverture de conscience ouvrant votre champ des possibles.
Que la stimulation interne ou externe constitue une menace pour l’intégrité de la personne ou bien une occasion de mieux-être, elle est décelée et aussitôt des réponses physiologiques se mettent en place pour maintenir l’équilibre de notre machinerie “corps-esprit”. Et bien souvent “maintenir l’équilibre” = faire comme d’habitude. Ceci explique pourquoi changement et résistance sont intimement liés.
2 – Un cerveau fainéant
Une part de nous rechigne à changer même si l’évolution est évidente et qu’elle va nous mettre sur une trajectoire du “plus” et du “mieux”. En effet notre cerveau a un petit côté fainéant et plan-plan : créer de nouvelles habitudes, apprendre à voir les choses autrement ou désapprendre des routines est énergivore et chronophage. Et notre cerveau aime bien se reposer sur ses lauriers !
3 – Changement de bain chimique
Enfin, 3ème explications qui justifie que le changement se confronte toujours à des résistances : le “bain chimique” dans lequel flottent nos cellules. Quand vous vivez un processus de changement, vous changez votre bain chimique. La composition du liquide qui entoure vos cellules se modifie. En quelque sorte on pourrait dire que vos cellules vivent une sorte de “sevrage” quand vous passez par exemple d’une habitude de comportement tournée “victimisation” à une attitude orientée “responsable”. Ou encore quand vous passez de l’habitude “stress ou peur” à l’habitude “décontracté et en confiance”. Vos cellules, nourries du bain chimique de la victimisation ou de la peur et du stress vont devoir apprendre à se nourrir d’une nouvelle composition chimique. Cela explique pourquoi parfois il y a des “rechutes”. Vos cellules ont besoin de temps en temps dans ce processus, de revenir à leur ancienne nourriture.
Ne pas résister ni se battre contre ses résistances mais les accompagner en pleine conscience
Changer nous demande de la régularité, de l’engagement, de l’effort. Plus je suis patiente, compréhensive, accueillante avec les parties de moi qui résistent mieux je peux avancer dans ce chemin de transformation. Tout ce à quoi nous résistons persiste. Résister au phénomène de résistance lui-même ne fait qu’alimenter ce dernier. Etre en pleine conscience quand celui-ci s’active permet petit à petit de l’atténuer jusqu’à sa disparition complète, jusqu’à ce que les nouvelles habitudes soient prises, jusqu’à ce que le nouveau bain chimique soit identifié et reconnu comme “la normalité”
Un exemple personnel pour illustrer ce phénomène
Je me souviens très fort de cette expérience vécue en mars 2013. Je suis avec mon compagnon de l’époque, c’est un matin au petit déjeuné, nous sommes en vacances en Arizona. Le temps est magnifique, notre relation est douce, épanouissante et très sécurisante. J’ai le mental calme et apaisé, au niveau émotionnel je me sens sereine et enjouée. Mais au niveau physique je sens de l’agitation, de l’agacement, comme si mes cellules étaient énervées et recherchaient un affrontement. Je reste dans l’observation de mes trois niveaux de conscience et le partage à mon compagnon. Je choisi ne pas “suivre” la nervosité cellulaire en rentrant dans un agacement verbal ou comportemental mais ne l’ignore pas non plus. Petit à petit j’observe la vague se poser et le calme s’installer au niveau physique.
Je suis à la fois intriguée par cette manifestation et cherche à en saisir les rouages biologiques. C’est ma compréhension du phénomène homéostatique qui me donnera des éléments de réponse : mes cellules ont été nourries depuis mon enfance par des relations plutôt conflictuelles, tendues et insécurisantes. Depuis plusieurs mois avec ce compagnon je découvre autre chose : une relation tendre, bienveillante, rassurante et très aimante. Mon mental a compris et intégré cette nouveauté et s’en accommode très bien. Mais mes cellules elles, sont un peu paumées ! En sevrage depuis quelques temps du bain chimique du conflit et de l’insécurité elles réclamaient de l’affrontement ce qu’elles ont connus depuis toujours.
Dans cette situation j’aurai pu répondre à la demande de mes cellules : trouver un détail pour me brouiller avec mon partenaire mais j’ai choisi de faire autrement. Parfois la tension corporelle était trop importante et je cédais à la fâcherie, mais petit à petit j’ai pu, j’ai su et j’ai appris à faire autrement. Dans ce long chemin j’ai crée un nouveau chemin neuronal grâce à la conscience de ce qui se passe sur les trois niveaux (physique, émotionnel, mental/imaginaire), grâce à la persévérance et grâce à la bienveillance à mon égard pour les nombreuses rechutes….
N’hésitez pas à partager vos expériences, vos observations de vous-même, vos cheminements qui pourraient compléter cet article.
Une réponse
C’est passionnant : )